Forts français

Texte et plans de François-Noël RICHARD    (7 batteries)

Batterie de Mangue

Envisagé dès 1841 pour couvrir les arrières du port du Frioul le projet est présenté et revu à la hausse d’année en année : dix mille francs en 1841, vingt-huit mille quatre cent cinquante francs en 1846, trente-sept mille francs en 1848, cinquante mille francs en 1849, soixante-cinq mille francs en 1858. La batterie est finalement réalisée pour cent vingt mille francs entre 1860 et 1862. Elle comporte une tour réduit n°1 agrandie pour soixante-dix hommes et est aménagée pour recevoir dix canons de 30. Mais déjà on parle de l’équiper de canons rayés pour permettre de couvrir la passe jusqu’à Niolon large de sept mille mètres.

Batterie de Banc –

L’hôpital Caroline, entouré d’un mur d’enceinte non fortifié, facile à prendre par l’ennemi, représente une menace pour le château d’If.
De fortifier le plateau de Banc pour sécuriser l’hôpital. Il faudra cependant attendre 1862 pour construire la batterie qui comporte une tour réduit n°1 agrandie, identique à celle de Mangue, et un armement de dix canons de 30 et deux mortiers à plaque de 22.

Batterie de Croix –

Sur les ruines de l’ancienne batterie du XVIIe siècle, le Génie obtient, pratiquement sans étude préalable, l’autorisation de construire en 1861 une batterie pour dix canons avec réduit n°2. Durant la construction en 1862 une extension est obtenue pour sept autres canons situés sur le versant nord et le réduit est converti modèle n°1 agrandi pour 90 hommes.

Batterie de Pomèguer –

Un chemin est réalisé en 1859 qui relie le port de Pomègues à la tour de Pomègues à l’abri des crêtes sur la côte nord-ouest, remplaçant l’ancien chemin de la côte sud-est. La tour de Poméguet est réalisée en 1859-60 pour protéger le nouveau chemin et surveiller les nombreuses calanques sur la côte nord-ouest. Cette tour modèle n°2, dénuée d’intérêt stratégique après la guerre de 1870, nous est parvenue intacte.

Batterie de Pomègues –

L’ancienne batterie d’Ouriou, rendu très difficile accessible en raison de l’exploitation des carrières est abandonnée. Une nouvelle batterie est construite en 1559 au pied de la tour et armée de trois bouches à feu. Un chemin d’accès est réalisé la même année sur le versant Nord-Ouest et les remparts du fort sont renforcés les années suivantes

Batterie de Ratonneau –

Le fort de Ratonneau conserve son rôle de casernement et de refuge et, à part quelques terrasses à canons aménagées dans les retranchements, on se contente de remodeler le chemin d’accès pour permettre le passage de chariots et de construire un casernement supplémentaire. La révolution du canon rayé Toutes les constructions sont brutalement interrompues en 1863 suite à l’expérience conduite au fort Liédot dans l’île d’Aix. Un tir au canon rayé contre ce fort révèle l’extrême vulnérabilité des fortifications maçonnées face à ce nouvel armement. L’Etat-major décide immédiatement de suspendre le programme de constructions en cours dont une moitié est déjà réalisée.

Batterie de Caveau

Le plateau de Caveaux, à l’extrémité sud de Pomègues, commandant toute la baie de Marseille, constitue désormais la priorité stratégique des îles malgré son éloignement du port. Le projet initial du Génie en 1878 est limité à la réalisation d’une batterie de trois canons disposés autour du sémaphore existant et d’une route, traversant l’île de Pomègues depuis le port du Frioul.

Revu à la hausse d’année en année, le projet aboutit finalement à la réalisation, de 1883 à 1886, de trois batteries de deux canons chacune. Toutes les constructions sont typiques des années précédant l’avènement de la mélinite. Les abris pour hommes et munitions sont des constructions de maçonnerie voûtées recouvertes de quatre à cinq mètres de terre. L’imposant abri aux poudres est particulièrement soigné avec d’épais murs en échelons, un labyrinthe d’accès et d’imposants contreforts maçonnés pour retenir les glacis de terre. On peut y stocker trente-trois tonnes de poudres. Tous les abris sont protégés de l’humidité par des couloirs de vide sanitaire. La terre, entièrement importée du continent est également nécessaire pour édifier les buttes latérales flaquant les canons.

Chacune des trois batteries comporte, entre les deux canons, son propre abri de combat.

La batterie de Caveaux est complétée à l’Est par une nouvelle batterie de quatre canons de 95 Lahitolle construite en 1895 sur le promontoire jouxtant celui du sémaphore actuel. Cette batterie restera inchangée jusqu’après la seconde guerre mondiale. Un abri soute est taillé dans la roche sous la batterie et des casernements sont aménagés dans le vallon de la grande calanque en contrebas. Le site va bien sûr bénéficier de toutes les améliorations possibles pour s’adapter aux progrès technologiques des armements.

Dès 1901, le ministre de la guerre ordonne une révision du site qui se traduit en fait par une refonte complète réalisée de 1906 à 1908. Seul le mur d’entrée est conservé. Le sémaphore que le génie n’avait pas osé (ou pas pu) faire raser en 1885 lorsqu’il a installé ses batteries autour de lui est déplacé sur son site actuel. Les trois batteries sont rasées et le plateau est nivelé. Les quatre pièces, alignées et tournées vers le large, sont encadrées d’abris soutes en béton armé. Ces casemates sont les premières et les seules construites dans une batterie du Frioul par l’armée française et leur aspect de bunker germanique.

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